Sous la direction d’IG Metall, les salariés du groupe Volkswagen envisagent d’organiser une grève historique « si aucune solution durable n’est trouvée ». Selon le syndicat de la métallurgie, le constructeur menace de fermer trois de ses usines en Allemagne.
Les salariés de Volkswagen donnent le coup d’envoi d’une grève potentiellement historique dans les usines du groupe en Allemagne. ©AdobeStock-filmbildfabrik
« Si nécessaire, ce sera la lutte collective la plus dure que Volkswagen ait jamais connue« , menace le syndicat métallurgique, qui se dit prêt à un conflit social comme l’Allemagne »je n’en ai pas vu depuis des décennies« . Ce lundi 2 décembre 2024, les salariés du constructeur allemand donnent le début d’une grève dans les usines du groupe outre-Rhin. Ils s’opposent à la potentielle suppression de milliers d’emplois.
Des arrêts de travail sont prévus dans tout le pays, y compris au siège du plus grand constructeur européen à Wolfsburg, selon le syndicat métallurgique IG Metall, qui appelle à cette mobilisation. Il s’agit de la première étape d’un mouvement social qui pourrait prendre des proportions inédites si la direction et les représentants du personnel ne parviennent pas à s’entendre sur des mesures visant à restaurer la compétitivité du groupe.
Le constructeur et le syndicat en désaccord
Pour rappel, Volkswagen avait annoncé en septembre préparer un plan d’économies drastique, cherchant à réduire ses coûts de plusieurs milliards d’euros dans ses usines allemandes. Trois séances de négociations entre la direction et le syndicat ont eu lieu, sans résultat. L’écart s’est même creusé avec le rejet, vendredi 29 novembre 2024, d’un contre-projet syndical visant à réduire les coûts sans fermer d’usines en Allemagne. Offre « non viable« , a décidé le groupe.
« Nous devons réduire nos capacités« , réaffirmé en novembre Thomas Schäferpatron de la marque VW, le groupe le plus en difficulté, auquel appartiennent également Audi, Porsche, Seat et Skoda. Selon IG Metall, Volkswagen envisage de fermer trois usines en Allemagne, ce qui serait une première en 87 ans d’histoire. Le constructeur dispose de dix sites de production dans le pays et d’environ 300 000 salariés, dont 120 000 pour la marque VW.
Les deux parties se retrouveront le 9 décembre 2024 à Wolfsburg pour un quatrième cycle de négociations. A la veille de la grève, Volkswagen déclarait : «respecter les droits des salariés« et crois en »dialogue constructif« , selon le principe de cogestion, pour « parvenir à une solution durable et soutenue collectivement« .
Des difficultés dans toute l’industrie allemande
Volkswagen souffre d’un ralentissement mondial des ventes de voitures, de la concurrence chinoise, de modèles à batterie peu attrayants et de coûts de main-d’œuvre plus élevés que ses concurrents, estiment les experts. Le secteur automobile européen est en difficulté alors qu’il subit une profonde transformation pour se convertir aux technologies électriques et numériques.
Comme Volkswagen, l’ensemble de l’industrie allemande voit son modèle remis en cause, confrontée ces derniers mois à une litanie de plans sociaux dans l’automobile, la chimie ou la sidérurgie. L’activité économique du pays devrait se contracter en 2024, pour la deuxième année consécutive.
Tensions politiques en Allemagne
La paralysie politique depuis l’effondrement, début novembre, de la coalition tripartiteOlaf Scholz assombrit encore davantage la situation. Il pourrait s’écouler plusieurs mois avant que l’Allemagne ne dispose d’un nouveau gouvernement, et les négociations entre les partis risquent de s’éterniser après le vote. La relance de l’économie s’est imposée comme un enjeu central de la campagne pour les élections du 23 février 2025.
Le chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz et le ministre de l’Économie Robert Habeck (Verts), en lice pour les élections législatives, défendent tous deux les subventions à l’industrie, notamment pour réduire les coûts de l’énergie. Leurs adversaires conservateurs, déclarés vainqueurs par les sondages, veulent freiner les dépenses publiques.
La région de Basse-Saxe, où se trouve le siège de VW, est un fief du SPD. La situation économique de l’Allemagne pourrait empirer si Donald Trumpélu à la Maison Blanche, a mis en œuvre des augmentations des droits de douane. Elles entraîneraient une réduction d’environ 15 % des exportations allemandes vers les États-Unis, l’un des principaux marchés de véhicules. fabriqué en Allemagneselon une étude de l’institut IFO. (Avec AFP)
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