Il met tout en œuvre ! Mais le Dacia Duster n’a-t-il pas pris la grosse tête et oublié ses fondamentaux ? À 25 000 €, notre version d’essai n’est plus vraiment bon marché. Les services désormais proposés le justifient-ils ? Réponses au fil des cols alpins sur une distance de 10 000 kilomètres.
J’aurais dû les compter ! Certes, à l’arrivée, le nombre de changements de vitesses effectués au cours de notre trajet dépasse largement les kilomètres parcourus. 10 000 km avec une voiture à boîte manuelle : il faut remonter dans les archives éditoriales pour le retrouver. Ou… relisez celles réalisées chez Dacia !
Il semblerait que ce soit devenu une exclusivité de la marque roumaine. Les nouveaux modèles utilisent désormais à la place des transmissions automatiques confortables, qu’il s’agisse d’un convertisseur, d’un double embrayage robotisé ou même d’une variation continue pour de nombreux hybrides.
Sans oublier les voitures électriques qui ne disposent plus de boîte de vitesses et transmettent leur puissance via des réducteurs. Mais ces technologies ont un coût élevé, ce que permet également le nouveau Duster. Mais uniquement sur sa version Hybride de 140 ch qui coûte 28 100 €.
Un prix pas très Dacia qui nous a rebuté. Optez alors pour la boîte manuelle qui épaule le nouveau TCe micro-hybridé de 130 ch via un système 48 V et une petite batterie de 0,8 kWh ! Même si vous (re)faites travailler votre pied gauche et votre poignet droit, il faudra débourser près de 25 000 € pour s’offrir les services de notre Duster. Et même un peu plus avec les options qui l’équipent : l’époque du premier SUV roumain à moins de 15 000 € est loin !
Dacia Duster : la « bête » se montre convaincante
La bête devra donc se montrer convaincante : il n’est plus question de tout lui pardonner sur l’autel d’un prix à ras du sol. À ce prix-là, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver un SUV compact très adapté aux salariés, sans même trop de mois ou de kilomètres au compteur. Reste le plaisir de s’offrir une voiture neuve !
Quand on met le cap vers le sud – la météo automnale de ce joli mois de juillet ne nous laisse guère le choix – c’est pourtant une grimace dans le Duster. Les commentaires peu élogieux ont déjà fuité dans les couloirs : contrôle récalcitrant, point de dérapage qui en fait caler plus d’un et chancelant d’autant qu’une journée sans pain incite les gens à passer le volant à leur voisin.
Pourtant, quitter Paris ne se passe pas trop mal… une fois les alertes de vitesse et de franchissement de voie désactivées ! Car oui, réglementation européenne l’exige, le Duster reçoit ces nouvelles aides à la conduite, ce qui contribue d’ailleurs à la hausse de ses tarifs.
Certains apprécieront sans doute les progrès. Oui… mais. C’est comme les nouveaux bouchons des bouteilles en plastique : l’idée de départ est certes louable mais lorsqu’elle n’aboutit pas, c’est… embêtant. Et chez Dacia, pas question de faire exploser le budget ; il faut donc se contenter d’appareils simples et basiques.
L’avertissement de sortie de voie (AFIL) utilise une caméra qui n’est pas suffisamment efficace pour centrer la voiture dans la voie. Il ne réagit que lorsque le Duster touche la ligne (donc trop tard) et vous renvoie assez brusquement dans la direction opposée. Pas vraiment rassurant ! Dommage pour un élément de sécurité.
Quant à l’avertissement de survitesse, c’est certes mauvais de rouler trop vite, mais être frappé aux jointures par un bip-bip agaçant au moindre kilomètre par heure de trop est plus stressant qu’autre chose.
Dacia Duster : « simplicité » et « bon sens » restent les maîtres mots
Consciente que ses clients ne seraient pas forcément fans de cette fausse avancée, Dacia a eu la bonne idée de rendre la déconnexion très simple. Le bouton My Safety Personal, à gauche du volant, permet de désactiver les protections en deux appuis… jusqu’au prochain démarrage, car la loi interdit de les désactiver définitivement.
Vous devez bien entendu avoir préalablement et dûment configuré vos préférences dans le menu de l’écran tactile. Mais là encore, l’écran tactile étant assez ergonomique, c’est simple et rapide : ouf ! Simplicité et bon sens restent les maîtres mots du Duster et franchement, c’est reposant à conduire. Il faut maintenir énergie et concentration pour… passer les vitesses !
Vous l’avez compris : c’est vite devenu une obsession, un jeu même entre Tibo et moi. Cela s’explique également par les conseils d’éco-conduite et l’affichage sur l’écran numérique de l’instrumentation de bord d’un pictogramme pour vous avertir quand c’est le bon moment de passer un rapport supérieur.
Autant vous prévenir : le Duster ne permet guère de grimper dans les tours. La plage Eco se situe entre 1 500 et 2 500 tr/min. A peine le temps d’atteindre le couple maximal et bien avant d’atteindre la puissance crête du TCe de 130 ch située à 4 500 tr/min !
Cyril Biotteau nous avait prévenu : le rapport de démultiplication est bien au-delà du 4ème rapport. D’ailleurs sur circuit, c’est en 5ème que Frédéric Haas augmentait la vitesse maximale. Cela n’a qu’une vertu : une consommation moindre et, entre plaisir et portefeuille, le Duster a choisi son camp ! Comme de toute façon, il manque aux « 3 pattes » 3 cylindres pour chanter comme un V6, alors autant être sur la même ligne de conduite.
Ce n’est pas un méchant, mais niveau agrément mécanique, rien à signaler ! L’arrivée de la micro-hybridation apporte sa contribution à la réduction des coûts. De 7,6 l/100 km, la consommation sur autoroute chute à 6,3 l/100 km et le gain moyen s’élève à 1,2 l/100 km : pas mal.
Dacia Duster : l’autonomie atteint 750 km
Effet collatéral : l’autonomie atteint 750 km… Sur les longs trajets, vous serez fatigué avant. Non pas que le Duster soit inconfortable. Au contraire. Bien amorti et suspendu, il se montre assez prévenant et isole bien des irrégularités de la route, y compris en ville et à basse vitesse. De plus, on ne surenchère pas sur le montage pneumatique (18 pouces) pour ne pas dégrader le travail des trains roulants. Surtout, il a fait des progrès significatifs en matière d’insonorisation.
Mais comme il part de loin, il lui reste encore un peu de travail à faire, notamment en aérodynamique. Il faut dire que son avant massif n’arrange rien : c’est bien beau de jouer à l’aventurier, mais à 130 km/h… ça siffle. A l’entrée des Alpes et plus encore au fil des jours, c’est plutôt contre le confort de l’assise et l’absence de soutien lombaire que l’on se plaint.
Sortir de la voiture avec l’impression d’être coincé en deux n’est pas agréable ! Cela n’est toutefois pas rédhibitoire, la critique n’étant valable qu’en cas d’utilisation intense. Au quotidien, c’est crémeux… C’est tout l’art du Duster : se contenter finalement d’être moyen en tout. Il ne cherche pas à faire des étincelles ni à être le meilleur dans un domaine, mais évite d’être mauvais pour ne pas échouer. Et entre deux maux, il a souvent la bonne idée d’opter pour le moins pire…
La montée du Col de l’Izoard, première de la longue série qui ponctue ce parcours, rappelle à nos bons souvenirs la boîte de vitesses et, plus précisément, sa commande. C’est vrai qu’avec une utilisation intense sur une courte période, c’est du genre à vous envoyer sur la table d’opération pour canal carpien bloqué ! Mais au moins c’est vous qui décidez quelle vitesse engager !
C’est juste moi, mais je préfère quand même travailler avec mon poignet et traverser l’Izoard, l’Agnel, les cols italiens de Giau, di Falzarego, del Pordoi, di Costalunga, del Stelvio et les cols suisses d’Umbrail, de Maloja puis finir avec Cormet de Roselend – et j’en oublie ! – en Duster « boîte de vitesses mécanique » qu’en Toyota C-HR 140 ch équipé de la boîte de vitesses à variation continue.
D’autant que si je poursuis la comparaison avec ce dernier en termes de performances, le Duster se montre également plus à l’aise au redémarrage. Le changement de vitesse est également chargé. Sans cela, soyons honnêtes, il ne se passe pas grand chose à bord d’un Duster. Ce n’est pas le comportement au volant qui va réveiller les muscles zygomatiques et augmenter les taux de sérotonine.
C’est serein, rassurant, sage, en parfaite harmonie avec la mécanique et donc plat comme l’encéphalogramme d’une huître ! Mais ça ne se passe pas mal. Dacia a compris qu’à notre époque, il faut soigner le style et veiller à ce que son investissement soit placé dans les parties visibles de l’iceberg. Sortir à fond comme dans une Peugeot 3008, c’est impossible ! Cependant, les écrans numériques et tactiles sont de rigueur…
Ils ne sont malheureusement pas les meilleurs du marché, surtout comparés aux systèmes du cousin Renault qui peut s’offrir les services de Google. Ce n’est pas le cas de Dacia, qui se contente des services de navigation d’une obscure application Here qui, sans aller jusqu’à vous perdre dans les profondeurs de l’île de Pag, ne sait pas repérer les embouteillages. se rapproche de Paris et vous y envoie donc le nez du capot en premier !
Dacia Duster : tout est lisible, clair, fonctionnel
Heureusement, Waze peut venir à votre secours ! Le Duster dispose en effet d’une compatibilité Apple CarPlay ou Android Auto… malheureusement parfois capricieuse, et qui ne fait pas bon ménage avec Here. C’est quasiment la seule distraction autorisée et vous aurez rapidement aperçu les affichages possibles de l’instrumentation de bord.
Ce qui est bien, c’est que tout est lisible, clair, fonctionnel : le conducteur a peu de chance de se perdre. L’intérieur illustre également cette simplicité. Pas de chichi, mais quand même un petit effort de style. Oui, le Duster fait l’impasse sur les matériaux en mousse et a banni le chrome, mais il veille à ce que ses plastiques durs soient beaux et que le design du tableau de bord soit agréable à regarder.
Seuls les plus pointilleux remarqueront que la finition confine à l’indigence dans le coffre. Le Duster se rattrape en soignant les aspects pratiques. Dans le coffre exactement. De bonne capacité, il dispose d’un plancher réglable et permet la possibilité d’emporter une véritable roue de secours.
Dans la course à la technologie, à l’éclairage d’ambiance multicolore qui donne l’impression de rouler dans une discothèque des années 80 et à l’intelligence artificielle, le Duster préfère la voie du bon sens. Et il se montre astucieux, à l’image de son système de caméra multi-vues qui compense l’absence d’un véritable appareil 360° bien trop onéreux pour lui.
A ce jeu-là, je conseillerais même à Dacia de se passer du chargeur de smartphone à induction qui recharge un iPhone aussi vite qu’un escargot parcourt 100 m. En revanche, une banquette coulissante serait davantage dans l’esprit Dacia. Aux sages…
Dacia Duster 1.2 TCe 130 ch BVM6 4×2 Journey : ses plus ?
- Tarifs/équipement
- Habitabilité
- Consommation
Dacia Duster 1.2 TCe 130 ch BVM6 4×2 Journey : ses moins ?
- Boîte de vitesse
- Confort du rembourrage
- Bruits aériens
Le bilan de le journal automatique ? 4.5/5
Elle n’a plus tout à fait le prix d’une Dacia, mais reste une « bonne affaire ». Certaines « faiblesses » persistent : elle est bruyante, sa sellerie manque de confort et ses technologies ne sont pas des plus performantes. Mais il n’a pas à rougir de ses performances, offre un bon confort, consomme raisonnablement, fait preuve de praticité… Il est même (presque) agréable à conduire.
Retrouvez notre essai XXL complet du Dacia Duster 1.2 TCe 130 ch BVM6 4×2 Journey dans le journal automatique n°1167 du 19/09/2024.