La quatrième Audi A3 n’échappe pas à l’inévitable restylage de mi-carrière, exécuté en mode mineur. Cependant, pour l’occasion, elle propose une nouvelle variante surélevée baptisée « Allstreet ». Véritable nouveauté ou recette éculée ?
Rien ne semble mettre à mal le fantasme d’évasion incarné par les SUV, crossovers et modèles surélevés. Même si elles sont déjà devenues un standard automobile avec plus de 40 % du marché français, elles continuent de séduire davantage que les carrosseries classiques. À tel point qu’ils démystifient les segments les plus établis en Europe comme les berlines compactes.
Au bout des disputes, certains tentent de surfer sur la vague, à l’image de l’Audi A3, qui vient d’entreprendre un retour en forme après trois ans de carrière. La principale nouveauté introduite à cette occasion est une nouvelle version baptisée « Allstreet », surélevée de 3 cm grâce à des suspensions surélevées de 15 mm et des roues agrandies grâce à une taille de pneus plus élevée.
Bien sûr, on y ajoute des boucliers, des passages de roues et des bas de caisse contrastés destinés à lui donner ce fameux esprit d’évasion tant convoité. La recette n’a rien de nouveau. Elle remonte, au sein du groupe Volkswagen, à la Polo Fun lancée en 2004 et rebaptisée « CrossPolo » peu après.
Chez Audi, il a été appliqué à l’A1 à partir de 2020 avec la Citycarver, devenue à son tour Allstreet en 2022. Sans évoquer bien sûr les A4 et A6 Allroad, mais ces dernières ajoutent une véritable transmission intégrale, à laquelle seule la S3 a droit. à la gamme A3.
Pour le reste, les nouveautés extérieures de l’A3 se retrouvent dans le design des boucliers et de la calandre, évidemment plus sportif, tandis qu’une nouvelle option permet de jouer entre quatre signatures lumineuses, à l’instar du Q8 et du futur Q6 e. -tron. Aucun dépaysement en vue une fois installé à bord de cette nouvelle A3.
Certes, le conducteur remarque la nouvelle console centrale et les nouveaux matériaux sur les panneaux de porte, mais on reste en terrain connu, le design assez particulier de la planche de bord et la taille des écrans ne changeant pas. Discutable à son lancement pour une marque qui se veut prestigieuse, la finition avance légèrement, mais on constate encore des défauts qui n’auraient pas été repris dans une Audi il y a dix ans.
L’encadrement de la console bouge donc beaucoup au toucher, et du plastique peu esthétique reste sur les panneaux de porte. La présentation reste également assez sévère dans la finition Design, qui ne bénéficie pas d’un éclairage d’ambiance aussi poussé que l’Avus.
L’installation multimédia, qui n’évolue qu’à la marge, reste parfaitement moderne même si elle est fidèle à l’habitude d’Audi de proposer une ergonomie spécifique très éloignée du monde des téléphones portables. L’A3 faisait déjà partie des bonnes performances en termes d’habitabilité, et il n’y a donc aucune raison de changer avec le restylage.
Notons toutefois que l’accessibilité aux places arrière nécessite quelques contorsions pour les adultes de grande taille et que le tunnel de transmission limite le confort du passager du milieu.
Agilité et précision de conduite au détriment du confort
Élever une voiture donne toujours du fil à retordre aux ingénieurs. Ils doivent composer avec un centre de gravité plus élevé, ce qui pénalise l’aérodynamisme. Dans le cas de l’A3, ils ont cherché à préserver son agilité et sa précision de conduite : la voiture continue de tourner à plat et la direction offre la même qualité de guidage.
Malheureusement, ce parti pris a été obtenu en sacrifiant le confort. Malgré l’excellente qualité du revêtement de nos routes d’essai allemandes, nous n’avons pu que constater la rigidité excessive des suspensions, particulièrement à basse vitesse. La promesse de la voiture « tout-terrain » risque donc de ne pas être tenue sur les asphaltes brisés de la capitale française ou sur le réseau départemental dégradé de nos campagnes.
Inutile également d’espérer s’aventurer en tout-terrain avec cette A3 qui ne se soucie que du style. Le moteur micro-hybride 35 TFSI n’est pas plus surprenant que le reste puisqu’il n’évolue que marginalement. Il conserve son caractère coupleux à bas régime, sa sonorité banale et un certain manque d’appétit pour le haut du compte-tours.
Cependant, il remplit efficacement sa mission et n’a aucune raison de perdre sa couronne de 4 cylindres le plus économique de sa catégorie que nous avons pu mesurer sur l’A3 phase 1. Le conducteur fait toujours face à un changement au volant, qui a induit par les nouvelles aides à la conduite rendues obligatoires par le règlement GSR II de l’Union européenne.
La musique horrifiante de l’alerte de survitesse est particulièrement déclenchée de manière inappropriée le plus souvent. Heureusement, Audi a installé un petit bouton en bas du tableau de bord donnant un accès direct au menu de désactivation de ces garde-corps.
Le prix du centimètre supplémentaire de garde au sol est élevé
Le prix d’un centimètre supplémentaire de garde au sol est élevé chez Audi. Pour accéder à la version Allstreet, il faut ajouter 1 900 € aux 38 080 € que coûte une A3 Sportback 35 TFSI dans la même finition Design (le prix « de base » de l’A3). Ne vous attendez pas à obtenir du matériel supplémentaire pour ce prix.
Cela dit, l’équipement de base a été sensiblement augmenté avec le restylage. Le Virtual Cockpit Plus et la navigation sont ainsi de série, mais au détriment de certains équipements fonctionnels comme la climatisation bi-zone, désormais réservée au haut de gamme. Il faut également passer par la case options pour bénéficier de l’entrée mains libres ou encore de la caméra de recul.
Petite consolation en consultant le montant du malus : la version Allstreet n’émet que quelques grammes de CO2 de plus, le surcoût s’élève à plusieurs dizaines d’euros seulement selon l’équipement choisi.
Audi A3 Allstreet 35 TFSI 150 ch Design : ses atouts ?
- Comportement routier préservéM
- Moteur couple
- Sobriété
Audi A3 Allstreet 35 TFSI 150 ch Design : ses inconvénients ?
- Inconfort de suspension
- Frais généraux élevés
- Aucune compétence hors route
L’avis de le journal automatique : 3/5
L’esprit « baroud » ne fait pas bon ménage avec tous les types d’automobiles. Ici, cela entraîne une baisse du confort et une hausse des prix. La raison impose de choisir une version classique de l’A3, que le restylage ne transforme pas… parce qu’elle n’en avait pas besoin.
Audi A3 Allstreet 35 TFSI 150 ch Design : en chiffres
Retrouvez notre premier essai de l’Audi A3 Allstreet 35 TFSI 150 ch Design en le journal automatique n°1158 le 05/02/2024.