Lors d’un entretien accordé à nos confrères de BFM Business, Christophe Périllat, directeur général de Valeo, a évoqué les enjeux de l’entreprise qu’il dirige et plus largement de l’industrie automobile. Les véhicules électriques, la concurrence chinoise, la perte de compétitivité en Europe ou encore les menaces sur l’emploi sont au cœur de la transition de l’industrie automobile.
Christophe Périllat est Directeur Général de Valeo depuis janvier 2022. ©Valeo
Le mois d’octobre 2024 aura été le théâtre d’annonces chocs de la part des constructeurs français du secteur automobile. La dernière en date n’est autre que celle du groupe Valeo, qui a confirmé, le 27 novembre 2024, la suppression de 868 postes sur huit de ses sites français, sans préciser de date limite.
Cette annonce fait suite à la présentation des mauvais résultats enregistrés par l’équipementier au cours du troisième trimestre 2024. Cette situation l’a également amené à revoir à la baisse son objectif de chiffre d’affaires annuel, visant désormais 21,3 milliards d’euros. euros, soit une baisse de 3,3% par rapport aux prévisions initiales.
« Les ventes ne seront pas exactement celles que nous avions anticipées » avance Christophe Périllat, PDG de Valeo, dans une interview pour BFM Affaires. Selon le responsable, cette baisse est due à « une transformation pour le mieux » du secteur.
Décarbonisation et emplois
Valeo est engagé depuis plusieurs années dans cette transition vers des voitures bas carbone, en investissant neuf milliards d’euros en recherche et développement.
« Quand on ouvre le capot d’un véhicule électrique, il n’y a rien de commun avec un véhicule thermique, il faut donc adapter notre production« , poursuit le directeur général. Le groupe se diversifie notamment avec des technologies dédiées aux moteurs électriques, aux onduleurs, aux chargeurs et aux pompes à chaleur.
« Cette transformation a cependant des conséquences sociales parfaitement mesurées.« , estime Christophe Périllat. Mais comme le constructeur clermontois Michelin, Valeo a évoqué en juillet la vente, voire la fermeture, de deux de ses usines françaises, entraînant la suppression de plusieurs centaines d’emplois.
Si le directeur général évoque des possibilités de reconversion pour les postes concernés, il précise que cette restructuration est la conséquence de la transition vers l’électricité : « La construction de véhicules électriques nécessite moins de valeur ajoutée et moins de main d’œuvre« .
Cette situation semble également s’aggraver sur le Vieux Continent. Ainsi, la PFA estime le nombre de suppressions d’emplois en France dans le secteur à 65 000 en cinq ans. Outre-Rhin, les prévisions sont encore plus alarmantes, selon l’organisme VDA qui table sur 200.000 suppressions de postes d’ici 2035.
Une perte de compétitivité en Europe
Au-delà de l’électrification du parc automobile, Christophe Périllat s’inquiète d’un autre constat : en cinq ans, l’Europe a perdu 25 % de compétitivité par rapport à la Chine. Pour cause, l’inflation a lourdement pesé sur l’industrie européenne, et les points de compétitivité ne se regagnent pas si facilement. Ce qui a fait dire au directeur général : «Je suis vraiment inquiet pour l’industrie automobile européenne et française« .
Si l’adoption de droits de douane par l’Union européenne pourrait freiner la progression des marques chinoises, Christophe Périllat rappelle que «ces taxes seront profitables aux constructeurs, pas aux équipementiers« . Il précise cependant qu’aujourd’hui « 80 % de la valeur des véhicules provient des équipementiers.«
Loin de se soucier de la concurrence étrangère, à condition que les règles du jeu soient les mêmes pour tous, le directeur de Valeo rappelle que sa mission est de «travailler avec tous les fabricants« .
L’équipementier, récompensé du titre de fournisseur de l’année par General Motors, prévoit d’augmenter encore sa puissance en Amérique du Nord, qui représente déjà 20 % de son chiffre d’affaires, car la production sur ce territoire doit contenir majoritairement des éléments fabriqués dans la région. Contrairement à l’Europe…
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