Il est peu probable qu’Alec Issigonis, le génial inventeur de la Mini en 1959, ait jamais imaginé que sa création prendrait vie en Chine et se déplacerait à l’aide d’un puissant moteur électrique. Encore moins au prix d’une berline haut de gamme ! Et pourtant, nous y sommes. Pour le meilleur et pour le pire…
Qu’elle soit présentée sous sa forme originale ou sous les traits d’une des trois réinterprétations déjà imaginées par BMW (2001, 2006 et 2014), la Mini a toujours bénéficié d’une formidable cote d’amour.
Mini Cooper SE : « Fabriquée en Chine »
Un visage légendaire complexe à moderniser en retourles modifications apportées au fil des générations ne sont souvent pas bien accueillies par les « conservateurs ». En découvrant les nouveaux feux arrières trapézoïdaux de ce quatrième opus sous la houlette de Munich, ils étaient assez perplexes…
Aussi des grincements de dents à propos le nouveau tableau de bord, débarrassé de son instrumentation derrière le volantdes bascules chromées sur la console ainsi que des matériaux nobles (cuir naturel, bois, aluminium, carbone) permettant d’individualiser l’intérieur.
Les « intégristes », qui avaient fustigé le passage à l’électrique en 2020, lancent une fatwa contre les dirigeants de BMW ayant cette fois pris la décision de s’associer au chinois Great Wall Motors pour concevoir et produire les nouvelles Cooper E (184 ch) et SE (218 ch) de l’autre côté de la planète.
Mini Cooper SE : finitions et packs
D’autant plus indigeste que son exil chinois prive la Mini électrique du bonus de 4 000 €. 34 000 € pour la Cooper E et 38 000 € pour la SE en finition de base Essential. A comparer aux 29 490 € (bonus déduit) réclamés par la nouvelle Renault 5 E-Tech 52 kWh en livrée Techno, bien mieux équipée.
Monter un petit cran (Classic) vous fera économiser 1 010 € supplémentaires, les plus chics seront favorisés par 2 220 € et les JCW tapageur pour 3 530 €. Malheureusement, n’imaginez pas vous arrêter là, puisque les équipements les plus intéressants (clé mains libres, régulateur de vitesse adaptatif), voire indispensables (rétroviseurs rabattables électriquement, affichage tête haute pour pallier l’absence d’instrumentation), sont répartis à l’intérieur du véhicule. cinq packs à allocation exponentielle, tarifés entre 1 000 € (XS) et 8 230 € (XL). Pas d’option individuelle, sauf jantes et couleurs.
C’est ainsi que notre lumineuse Cooper SE (finition Classic, pack XL, jaune Sunny Side et jantes 18 pouces) frôle les 50 000 € ! Sentez-vous la fièvre monter ? Pour 1 000 € de moins, Mercedes parvient à vous livrer une Smart #1 Brabus, également « made in China » mais plus grande, encore mieux équipée et dotée de 428 ch. Trouvez l’erreur…
Mini Cooper SE : un intérieur décevant
Si seulement l’intérieur était luxueux. Las, les plastiques durs et creux sont désormais majoritaires à bord. Base du pare-brise (avec les reflets qui vont avec en plein soleil), bloc avant des panneaux de porte, console centrale, bas de planche de bord : ce meuble flashy détonne avec l’image premium de Mini.
Même manque de noblesse, malheureusement, concernant le cuir vegan de la sellerie. Le nouveau revêtement textile (issu du recyclage, c’est tendance) allant du haut des portes jusqu’au tableau de bord, comme le joli volant, muni d’une sangle en guise de troisième branche, assure heureusement une note d’originalité à cet ensemble globalement décevant.
L’hypnotique écran Oled de 24 cm de diamètre place la barre plus haut avec sa qualité d’affichage époustouflante et ses différents styles graphiques (jusqu’à sept options de personnalisation). Le système d’infodivertissement, très complet et plutôt réactifdemande cependant du temps d’adaptation et beaucoup de concentration, car les informations sont parfois affichées par dizaines.
Des raccourcis permettent néanmoins de naviguer tout naturellement vers les menus essentiels, comme la climatisation, les connexions Apple CarPlay et Android Auto, les aides à la conduite ou la navigation (réalité augmentée en présence des packs L et XL). ).
Pour le reste (habitabilité réduite aux places arrièrecoffre de seulement 210 dm3), nous sommes bel et bien à bord d’une Mini, les dimensions de la nouvelle Hatch (3 portes) restant similaires à celles de la précédente. En revanche, nous sommes assis plus haut, les batteries sont désormais réparties sur toute la surface du sol.
Mini Cooper SE : joueuse sur la route
Roues dans les virages, empattement court, voies larges et centre de gravité bas : agile et particulièrement tonique (0 à 100 km/h en 6,7 s), la puce anglo-germano-chinoise fait sourire dès que la route serpente, malgré des sensations de direction qui deviennent ordinaires.
Un joli antidépresseur auquel il ne manque que le bruit d’un échappement sport pour parfaire l’illusion de conduire une GTI à l’ancienne. LE intonations artificielles diffusées par les haut-parleurs lors de chaque accélérationheureusement déconnectables, sont effectivement gênants à la longue.
On s’imagine plus à bord d’une vieille rame du métro parisien avec des pneus que dans une voiture… Autre source d’agacement : sauter l’amortissement sur les routes cahoteusesamplifié par les jantes optionnelles de 18 pouces (16 pouces de série). Dommage, car cette Mini bénéficie également d’un excellente insonorisation. Y compris sur autoroute, grâce à une parfaite maîtrise du bruit aérien.
Mini Cooper SE : batterie et autonomie
Côté batterie, l’ancienne Mini électrique se contentait de 28,9 kWh net et 185 km d’autonomie. La nouvelle Cooper E promet 70 km de plus grâce à sa capacité de 36,8 kWh. A titre de comparaison, l’Abarth 500e (seulement 156 ch, mais 37,3 kWh de stockage) plafonne à 225 km.
La Cooper SE, avec 49,8 kWh net, annonce pour sa part une autonomie de 391 km entre deux accusations. Attendons cependant de pouvoir confier les deux versions à notre laboratoire de mesures avant de distribuer les bons points.
A noter cependant que lors de notre essai en Catalogne, par des températures douces (21°C) et sur un parcours mêlant ville, autoroutes et routes escarpées, parcourir 300 km semblait être à sa portée. Même en réglant le freinage régénératif au plus haut des quatre niveaux d’intensité proposés, actif jusqu’à l’arrêt complet de la voiture.
Cela dit, on achète rarement une citadine électrique pour visiter le pays. Cela n’a pas empêché Mini de fournir à la SE un planificateur de voyage convaincant ainsi qu’un Chargeur CC 95 kW (contre 75 kW au crédit de la Cooper E et 50 kW pour la précédente Mini électrique), permettant regonfler les batteries de 10 à 80% en 30 minutes sur les aires autoroutières équipées de bornes adaptées. Comptez au mieux 5h30 sur une wallbox délivrant du courant alternatif, la E comme la SE bénéficiant d’un chargeur de 11 kW.
Mini Cooper SE : les résultats de le journal automatique
Gageons que la Cooper E, d’une gamme plus basse mais moins fébrile de 4 000 € et plus raisonnablement motorisée, offrira plus d’intérêt que cette SE, trop à bien des égards pour une citadine écologique. Mais ce ne sera ni plus soigné à bord, ni plus confortable…