En se transformant en SUV coupé et en adoptant une motorisation électrique, le Peugeot 3008 se découvre de nouveaux concurrents comme le BMW X2, qui vient lui aussi de se convertir aux électrons. Une confrontation inattendue plus équilibrée qu’il n’y paraît.
Il faut s’y habituer : le SUV préféré des Français, vu et revu sur tous les parkings des supermarchés et devant toutes les écoles de France, a choisi de changer de genre. Au lieu d’être un SUV compact « omnirole », il préfère désormais le statut plus noble de modèle haut de gamme capable de tourner en dérision les indéniables références allemandes.
C’est sans doute pour cela qu’il adopte une silhouette très proche de celle des SUV coupés jugés plus exclusifs. Elle prétend donc chiper quelques ventes dans cette catégorie jusqu’ici largement monopolisée par Audi, Mercedes et BMW. Justement, ce dernier, qui a expérimenté la formule avec succès, vient de renouveler son X2, en y ajoutant, comme le X1, une nouvelle variante électrique. Surprise, nos deux nouveaux produits affichent des caractéristiques très similaires : seul un petit centimètre les sépare en longueur et six petits chevaux en puissance.
Il est cependant difficile de dire qu’ils sont similaires. Gorgé aux stéroïdes, le iX2 respire l’agressivité à travers toutes ses molécules d’acier et de plastique, quitte à renoncer à toute fluidité de ligne. Plus large et plus haute, la Peugeot a tout de même gardé un peu de l’ADN d’un modèle généraliste avec ses portes arrière plus grandes et son allure apparaît un peu plus consensuelle, dans le bon sens du terme.
Quoi qu’il en soit, ces deux-là ne passent pas inaperçus. Une différence importante les oppose néanmoins : la capacité nette de leur batterie, les Français affichant près de 10 kWh de plus que les Allemands, un déficit que ces derniers n’ont pu compenser que par une consommation moindre : le suspense de l’opposition est complet !
BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport vs Peugeot e-3008 210 ch GT : sur la route
Certes, la puissance de nos deux rivales est proche, mais la BMW démarre avec un avantage en… poids, que nous avons mesuré : elle affiche 278 kg de moins que la E-3008 sur notre balance standard. Peugeot semble désormais ignorer le sujet du contrôle de masse, pourtant cardinal en matière de conception automobile.
Au volant, la différence saute aux yeux du conducteur. Même si l’iX2 ne peut prétendre au statut de ballerine, elle donne quand même l’illusion de sportivité grâce à une direction plus réactive et une sensation d’inertie bien plus mesurée qu’à bord de la Peugeot. Mauvaise nouvelle pour les Français, BMW a aussi soigné le confort.
C’est très correct dans cette version M Sport équipée d’une suspension pilotée. Tout n’est cependant pas parfait pour l’Allemand, qui souffre d’effets de couple prononcés à l’accélération : mieux vaut attendre d’être sur le plat avant d’écraser l’accélérateur. Sur ce point et cela seulement, la Peugeot se montre mieux sage.
Capable d’une excellente tenue de route et d’un confort préservé, elle a malheureusement perdu toute l’agilité dont son prédécesseur était capable et le fameux petit volant n’y change rien. Malgré ses lignes agressives, elle laisse une impression mitigée à son conducteur. Grâce à ses 45 Nm de couple supplémentaire, il limite certes les dégâts en performance pure, mais doit concéder plusieurs dixièmes de seconde de retard sur tous les exercices d’accélération et de reprise.
Cependant, dans cette version eDrive20, la BMW ne fait pas particulièrement honneur à la sportivité de la marque, même si une petite palette Boost permet d’obtenir un supplément de puissance pendant 10 secondes… Peu perceptible au volant. L’Allemand apparaît cependant plus démonstratif et sans doute le plus agréable à diriger des deux.
En ville, aucun n’avoue être vraiment à l’aise : à 1,90 m, le E-3008 semble trop large et le iX2 souffre d’une visibilité arrière catastrophique, la meurtrière qui sert de vitre arrière ne bénéficiant même pas d’un essuie-glace. Sans parler des diamètres de braquage pas particulièrement courts dans les deux cas.
Tous deux sont cependant d’excellents élèves en termes de distance de freinage, la BMW parvenant même à faire mieux sur autoroute que la Peugeot, bien qu’excellentes. Ce dernier offre cependant la sensation de pédale la plus naturelle, celle de son rival donnant la désagréable impression de résister à la pression, ce qui nuit à la qualité du dosage.
Nos deux protagonistes embarquent bien sûr toutes les nouvelles aides à la conduite obligatoires en juillet 2024. Un peu plus intrusives sur la Peugeot, elles se désactivent cependant facilement grâce au i-Toggle dédié (un raccourci sur l’écran tactile).
C’est un peu plus compliqué sur la BMW qui, bizarrement, abandonne le bouton dédié que proposait autrefois la marque, mais le menu reste relativement accessible. Dans les deux cas, l’alerte de survitesse et le maintien de voie s’avèrent malheureusement plus nuisibles qu’utiles, mais la conduite semi-autonome en option fait preuve d’efficacité et de fluidité.
BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport vs Peugeot e-3008 210 ch GT : la vie à bord
Au volant, la palme de l’originalité revient sans doute à la Peugeot, dont le nouveau i-Cockpit suscite à juste titre de véritables exclamations lorsque le conducteur le découvre. La dalle incurvée et les bouches d’aération qui semblent flotter donnent vraiment l’impression de piloter une étude de style et heureusement, l’ergonomie de l’ensemble n’est pas conceptuelle.
Au contraire, les nouveaux i-Toggles défilants simplifient l’utilisation du nouveau système multimédia de Stellantis, dont de nombreux conducteurs regretteront cependant encore le manque de fluidité et les nombreux bugs qu’on espère pour la jeunesse. La qualité de finition ne suscite également que des éloges, mais le Français trouve à qui parler avec l’iX2.
Ce dernier ne commet d’ailleurs pas l’erreur de baisser la garde dans cette affaire. Même si le cuir qui recouvre les parties supérieures du tableau de bord est synthétique, il est difficile de faire la différence avec une matière naturelle. La qualité des plastiques, notamment dans la partie basse, apparaît un peu meilleure et l’ambiance à bord dégage vraiment une impression de luxe.
La BMW n’en fait pas grand-chose en matière d’éclairage d’ambiance et d’écrans : le conducteur et le passager avant restent à bord d’une voiture. Vu des places arrière, l’opposition est cependant pire pour l’iX2. Son style agressif se paie en habitabilité, malgré une ligne de toit qui tente, comme sur la Peugeot, de rester droite jusqu’au hayon.
Les adultes ou adolescents mesurant plus de 1,80 m doivent se pencher, ce qui semble toujours incongru dans une voiture de 4,56 m de long et 1,56 m de haut. Très critiqué dans ce domaine, le E-3008 ne s’attendait pas à une telle fête et peut prétendre être des grands noms, même si définitivement, l’espace qu’il offre aux jambes des passagers s’avère médiocre et la position proposée peu confortable en raison de un dossier trop droit et un plancher trop haut.
Côté coffre, son avantage n’est pas usurpé avec 35 dm3 de plus mesurés par nos soins. C’est dommage que son seuil paraisse si haut mais, là encore, il profite des mauvaises habitudes de son rival, qui n’offre qu’un petit centimètre de hauteur. Nos deux amis ne font pas de gros efforts en termes de modularité, pas de banquettes coulissantes améliorant leurs qualités familiales.
BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport vs Peugeot e-3008 210 ch GT : budget
Soyons honnêtes avec le E-3008 : il limite les effets de sa masse dans la consommation en affichant une moyenne pratiquement égale à celle de la BMW, selon nos mesures. Cela lui permet de prendre la tête en matière d’autonomie dans tous les secteurs : même sur autoroute, il offre 25 précieux kilomètres d’autonomie supplémentaire, ce qui permet parfois d’éviter des recharges anticipées.
Reste que ces deux-là ne battent aucun record et ne peuvent rivaliser avec les thermiques sur les longs trajets. Ils affichent des puissances de charge comparables, mais la BMW profite de sa batterie plus petite pour annoncer de meilleures performances de charge : 29 minutes pour passer de 10 à 80 % contre 30 minutes pour la Peugeot, de 20 à 80 %.
Pas de quoi justifier le supplément de prix demandé par BMW, qui facture son équipement M Sport 3 910 € de plus que la E-3008 GT. A noter que par un tour de passe-passe pratiqué par d’autres, l’iX2 fait passer sa finition en option, ce qui lui permet de bénéficier du même bonus de 4 000 € que son rival.
Il n’en reste pas moins que la Peugeot se montre plus généreuse en équipement de série en proposant les phares Pixel, la recharge sans fil des smartphones, le hayon motorisé ou encore l’accès mains libres, le tout payant en supplément en allemand. Le duel est court dans ce chapitre !
BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport : ses plus ?
- Agilité relative
- Confort de suspension maîtrisé
- Finition soignée
BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport : ses moins ?
- Autonomie
- Habitabilité arrière
- Visibilité arrière
Peugeot e-3008 210 ch GT : ses atouts ?
- Confort
- Insonorisation
- Présentation
Peugeot e-3008 210 ch GT : ses inconvénients ?
- Spectacles à Berne
- Masse très excessive
Des verdicts sur la route ?
- Sur la route :BMW
- La vie à bord :Peugeot
- Budget :Peugeot
Le choix de le journal automatique :Peugeot E-3008
Soyons francs : l’exercice ici n’est pas de déterminer quelle est la meilleure proposition mais lequel de ces deux SUV électriques impose le moins de compromis. Le 3008 gagne grâce à son habitabilité moins médiocre, sa plus grande autonomie et son rapport prix/équipement plus favorable. Mais son agrément de conduite en berne reste son gros point faible.
BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport vs Peugeot e-3008 210 ch GT : en chiffres
Retrouvez notre essai comparatif entre la BMW iX2 eDrive20 204 ch M Sport et la Peugeot e-3008 210 ch GT en le journal automatique n°1158 le 05/02/2024.