Le Journal de l’Automobile : Que retiendrez-vous de 2024 chez VPAuto ?
François-Laurent Guignard : Nous avons réussi à remonter un peu. En 2023, le bilan commercial s’était quelque peu détérioré. Nous avons remanié les processus, ce qui nous a permis de remporter des contrats auprès de concessionnaires, comme les groupes Dubreuil et Michel par exemple. VPAuto a beaucoup travaillé, peut-être trop, avec des comptes institutionnels. Nous avons dû prendre le virage de la diversification comme certains de nos concurrents.
JA : Il ne faut cependant pas tourner le dos à ses partenaires de longue date. Quel sera le bilan ?
F.-LG : En effet, on constate un retour en force des apporteurs d’affaires institutionnels et nous en profitons. VPAuto doit trouver un nouvel équilibre de mix. Ce sera la mission deAntoine Namandnotre nouveau directeur général, qui fait un très bon travail et prépare la future passation de pouvoir.
JA : Quelle opinion avez-vous du marché automobile ?
F.-LG : La guerre en Ukraine en sera l’une des clés. S’il n’augmente pas, les ventes seront bonnes en 2025 pour les maisons de ventes. A nous de préparer nos outils pour répondre aux attentes exprimées par les concessionnaires. Je pense que le racheter vont être l’épine dans le pied des distributeurs. Ce qui leur coûtera cher.
JA : Alcopa Auction a récemment annoncé son engagement envers la récupération des valeurs des véhicules d’occasion. Comment recevez-vous cette nouvelle ?
F.-LG : Cela force l’admiration dans un sens. Mais cette initiative pose question. Il faut savoir qui paiera la facture dans trois ans. Pour ma part, je suis assez prudent quant aux engagements de reprise, car si les concessionnaires et bailleurs se cassent les dents à ce sujet, comment serions-nous plus légitimes pour faire leur travail ? De plus, l’automobile étant devenue un levier fiscal, on ne peut pas avoir de visibilité sur la dynamique future des prix. Je crois seulement à la vérité des prix du marché. Il faut être au plus près de la réalité sans jamais jouer avec l’argent des autres.
Au lieu d’imposer l’achat de voitures électriques, la réglementation devrait se concentrer sur les infrastructures
JA : Vous avez évoqué l’importance des outils, qu’allez-vous mettre en œuvre ?
F.-LG : Face aux difficultés futures, les commissaires-priseurs peuvent apporter une aide précieuse aux concessionnaires. Notre capacité à déterminer les prix des voitures d’occasion et notre puissance logistique seront des atouts. Nous regardons particulièrement les délais d’exécution. LE délai de mise en œuvre la moyenne de 30 jours actuellement sera réduite de moitié à long terme.
JA : Le marché automobile pourrait aussi être impacté par les règles fiscales…
F.-LG : C’est lamentable ! Les politiciens assassinent l’automobile. Les règles sont conçues pour pousser les véhicules dont les consommateurs ne veulent pas. Au lieu d’imposer l’achat de voitures électriques, la réglementation devrait se concentrer sur les infrastructures de recharge. Il n’est pas rare de retrouver des câbles encore emballés dans les voitures hybrides rechargeables que nous recevons. C’est la preuve qu’un premier problème doit être résolu.
JA : Les voitures électriques peinent à trouver preneur dans vos salles de ventes ?
F.-LG : La situation s’améliore dans ce segment. Avec la baisse des prix, les voitures électriques attirent les acheteurs, notamment les professionnels de l’export et les particuliers locaux. Il ne faut pas oublier que les véhicules électriques jouent le rôle de deuxième ou troisième voiture dans le foyer. Ils desservent dans un rayon de 300 km autour de la maison. De plus, comme les études montrent que les batteries vieillissent bien, on peut rassurer les clients. VPAuto mène un appel d’offres pour trouver un spécialiste en analyse de batteries.
JA : Ces solutions interviennent souvent au moment du reconditionnement, est-ce un futur projet de service ?
F.-LG : Non, nous n’envisageons pas d’ajouter le reconditionnement au cycle logistique. C’est cher et je ne suis pas sûr que les gens soient prêts à en supporter l’impact. Le reconditionnement peut simplement devenir un service optionnel de remarketing, car chez VPAuto, nous avons déjà l’habitude de choisir des produits de qualité. Raison pour laquelle le montant moyen des enchères dépasse les 10 000 euros.
JA : Un dernier mot sur votre secteur des enchères…
F.-LG : À mon avis, il est stabilisé. Il faut continuer à se battre entre cinq et six acteurs. Nous devons donc devenir de plus en plus incontournables aux yeux des apporteurs d’affaires. Ils doivent nous percevoir comme des fabricants de revente de voitures d’occasion. Nous revendons entre 40 000 et 50 000 véhicules par an. Il s’agit d’une force auxiliaire importante.